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L’assurance santé animale : la demande va-t-elle exploser?

L’assurance santé animale plus communément appelée par les assureurs, l’assurance « chien/chat » pour les animaux domestiques les plus répandus et « NAC » pour les Nouveaux Animaux de Compagnie moins connus, que peuvent comprendre les lapins, furets, chinchillas et autres, a toujours fait sourire les porteurs de risques et grands courtiers. En effet, ces opérateurs y voyaient plutôt un gadget, un produit d’appel, bref, un outil marketing pour acquérir un prospect ou fidéliser un client plutôt qu’une vraie ligne de business importante et rentable. Aujourd’hui, certains assureurs se posent des questions et se demandent « et si ce marché de « niche »(sans jeux de mots de ma part), devenait un réel marché avec un potentiel de millions d’assurés?

En effet, certains indicateurs montrent qu’il y a un potentiel énorme en France dans ce domaine. La France a le parc animalier le plus important d’Europe avec plus de 65 millions d’animaux de compagnie dont environ 8 millions de chiens et 12 millions de chats. Le taux d’équipement est de 5% alors qu’il est de 20% au Royaume-Uni et de 80% en Suède. Les dépenses pour soigner ces « compagnons » ont augmenté de plus de 60% ces trente dernières années. Cela est dû, surement à l’inflation des frais de soins vétérinaires qui ont augmenté de plus de 70% ces dix dernières années et cela va surement s’aggraver avec l’arrivée d’outils de détection de plus en plus sophistiqués comme les scanners, les échographies, etc. Il suffit de faire un tour au salon des vétérinaires pour se rendre compte que les moyens et les soins médicaux sont entrain de rejoindre ceux utilisés pour les humains! La deuxième cause des ces augmentations du coût des soins est dû aussi, à mon avis, à la tendance actuelle de l’élévation du statut de l’animal de compagnie au rang de membre de la famille à part entière. C’est le résultat d’une urbanisation importante, où l’animal n’est plus un actif, un produit mais un « agrément ».

Alors pourquoi, à ce jour, les français assurent-ils moins leurs animaux que leurs voisins anglais ou scandinaves? Je pense que cela est dû à plusieurs phénomènes. Le premier est le fait qu’en France, les assurés sont habitués, pour eux-même, à ne pas avancer les frais, grâce au tiers-payant et la Sécurité Sociale, ils ne prennent donc pas encore conscience du coût que peut représenter les soins pour leur animal. Ils n’ont pas encore réalisé que les soins vétérinaires deviennent de plus en plus onéreux et qu’un acte chirurgical ou un séjour en clinique pourrait mettre leurs économies dans une situation délicate. Le deuxième est l’absence d’innovation de la part des assureurs. En effet, les offres restent très classiques avec des franchises, des délais d’attente importants si ce n’est l’exclusion pure et simple quand l’animal est trop malade ou vieillissant. Les consommateurs ne voient pas l’intérêt de payer une cotisation pour une assurance qui ne les couvrira pas lorsque leur animal aura de réels problèmes de santé!

Néanmoins, aujourd’hui, la tendance est entrain de s’inverser. Avec la saturation de certaines demandes, comme la santé humaine, la prévoyance sans parler de l’assurance dommages, certains opérateurs ont compris le potentiel de croissance de ce marché et se professionnalisent sur ce segment. Ils se dotent des nouveaux outils de commercialisation, comme le full web et la digitalisation du processus de vente, les plateformes de vente à distance, etc… Mais attention, messieurs les concepteurs, les offres doivent aussi évoluer, il faut sortir des garanties classiques qui ne répondent plus aux demandes du profil-type des prospects actuels, qui sont des propriétaires d’animaux, urbains, quadras, actifs, connectés, bien avisés sur les offres du marché. Des innovations, telles que la couverture gros risques uniquement, les packs prévention (visites médicales et vaccins), l’engagement de l’assureur de couvrir l’animal jusqu’à la fin de sa vie, les packages de suivi de l’animal depuis sa naissance avec l’éleveur, des services d’assistance personnalisés, garde de l’animal en cas d’accident, mais aussi la livraison gratuite de puces électroniques implantées qui contiennent tout le dossier médical, le remboursement des frais d’obsèques et d’euthanasie, et ainsi de suite, seront surement l’un des leviers de l’augmentation de la demande en France.

La « petmania » qui sévit aux Etats-Unis ou au Japon finira par déferler dans l’hexagone! Et ce sera tant mieux pour les professionnels qui l’auront compris. Cette vague de demandes de soins et de services, pour son animal de compagnie, que cela soit les hôtels pour chats, les toilettages divers et variés, les gadgets, joujoux, massages, psychologues et autres seront monnaie courante. Rien ne sera assez beau pour celui qui remplit le vide de la solitude d’un cadre citadin. A fortiori, les soins médicaux seront importants et chers et donc le besoin de s’assurer impératif !

Laurent Lazard

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